Nucléaire : les Allemands « prêts » à sortir de « la guerre de religion », selon le ministre français de l'Énergie

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Nucléaire guerre franco-allemande

"Les Allemands sont prêts" à sortir de "la guerre de religion sur le nucléaire", a estimé mercredi le ministre français de l'Énergie Marc Ferracci en voyant dans l'arrivée de la nouvelle coalition du chancelier Merz une "fenêtre d'opportunité" pour remettre à plat les discussions sur l'atome civil.

« Une approche pragmatique »

Après des années de débats houleux entre les deux voisins, Paris veut croire que l'arrivée d'un nouveau gouvernement allemand va s'accompagner d'un assouplissement de la position de Berlin.

"Je pense que les Allemands sont prêts", a souligné lors d'un échange avec l'association des journalistes de l'énergie (AJDE) français Marc Ferracci en évoquant une volonté de Paris et de Berlin de sortir de "la guerre de religion sur le nucléaire" et d'adopter une "approche pragmatique".

"Nous souhaitons que le nucléaire puisse faire l'objet d'un traitement similaire à celui des énergies renouvelables, au titre du financement par les fonds européens" et "au titre du régime des aides d'État", a-t-il ajouté, quelques jours après avoir rencontré Katherina Reiche, la ministre allemande de l'Économie.

La France, qui n'a pas respecté ses objectifs de développement des renouvelables, mène depuis plusieurs années un bras de fer avec la Commission européenne pour faire reconnaître son mix électrique, parmi les plus décarbonés du continent grâce à ses 57 réacteurs nucléaires.

Appliquer le principe de « neutralité technologique »

Paris a demandé fin avril à Bruxelles de remplacer une directive de 2023 sur les énergies renouvelables par une directive sur les énergies bas carbone, qui reviendrait à mettre l'atome sur un pied d'égalité avec l'éolien et le solaire, au nom de la "neutralité technologique".

"Pour le financement (public du nucléaire, NDLR), des débats ont lieu avec les Allemands, mais les lignes bougent du fait de la relation qui se construit entre Emmanuel Macron et Friedrich Merz. En tout cas, il faut saisir cette fenêtre d'opportunité d'une véritable remise à plat" de ces sujets, a souligné Marc Ferracci.

Pour le ministre, "la feuille de route de la Commission européenne est très claire, c'est d'appliquer le principe de neutralité technologique" pour laisser aux États membres le choix des moyens d'atteindre leur objectifs de décarbonation.

Paris se félicite que la dernière déclaration du Conseil européen, adoptée à l'unanimité, mentionne les énergies bas carbone et la neutralité technologique. "D'un point de vue diplomatique, c'est une révolution", commente une source gouvernementale, assurant qu'en coulisses "les choses ont changé de manière radicale" depuis l'arrivée de Friedrich Merz début mai.

Si l'on ajoute le départ de ministres Verts au Luxembourg ou en Autriche, "les voix anti-nucléaires ne sont plus tellement audibles", estime la même source.

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