Éolien offshore : une modification majeure pour les parcs français

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Installation des premières éoliennes du parc éolien offshore de Fécamp à l'été 2023. (©C. Beyssier/EDF Renouvelables)

Les détracteurs de l'éolien soulignent souvent le caractère intermittent de la production de cette filière et les implications pour gérer l'équilibre du réseau électrique. Une évolution récente change la donne durant les épisodes de « prix négatifs » sur le marché de l'électricité.

4% d'heures à prix négatifs

Les parcs éoliens en mer de Fécamp, Saint Nazaire et Saint Brieuc ont signé fin avril « des avenants à leur contrat d’achat d’électricité, qui permettent de solliciter l’arrêt de tout ou partie de la production du parc en période de prix négatifs », a annoncé ce 2 juin le ministère en charge de l'Industrie et de l'Énergie dans un communiqué(1).

Jusqu'ici, ces parcs étaient « incités à produire au maximum de leur capacité quel que soit le prix de marché », puisqu'ils disposaient de contrats d'obligation d'achat : l'intégralité de leur production étaient achetée à un tarif garanti... y compris lors de périodes de prix négatifs.

Or, ces épisodes de prix négatifs se multiplient : dans son Bilan électrique 2024, RTE indique que « deux fois plus de prix spot négatifs qu’en 2023 ont été enregistrés en 2024 », avec 359 heures concernées, soit 4% du temps (le prix spot moyen annuel français a été de 58 €/MWh en 2024). Même constat au niveau européen : ces phénomènes d'heures à prix négatif ou nul sont « devenus plus fréquents en 2024 par rapport à 2023 (4% des heures en moyenne dans l’UE contre 2% en 2023) et se sont produits pratiquement partout dans l’UE », selon Ember.

De premiers arrêts de production en mai

Concrètement, les parcs éoliens offshore français participent désormais au mécanisme d’ajustement et à la gestion de l'équilibre du système électrique qui doit être maintenu en permanence. Le ministère en charge de l'énergie souligne que « de premiers arrêts liés à l’application de ces contrats ont ainsi été menés avec succès lors du week-end des 10 et 11 mai ».

Le ministère rappelle que des « dispositions similaires ont également été introduites par la loi de finances pour 2025 » concernant les anciens parcs éoliens terrestres les plus puissants. « Un premier arrêté d’application, permettant notamment aux producteurs bénéficiant d’un dispositif de soutien de participer au mécanisme d’ajustement a été soumis à la consultation du Conseil Supérieur de l’Energie le 29 avril dernier. Il sera complété par un second arrêté d’ici le second semestre 2025 ».

Complément de rémunération

Pour rappel, les nouvelles installations renouvelables bénéficient désormais principalement d'un soutien sous la forme de compléments de rémunération qui poussent de fait à l'arrêt de leur production lors de périodes de prix négatifs sur les marchés.

En 2024, l'éolien en mer a produit près de 4 TWh en France (soit 0,7% de la production d'électricité en France métropolitaine), contre environ 42,9 TWh pour les installations éoliennes terrestres (environ 8% du mix)(2). Le parc offshore en plein développement bénéficie toutefois d'un facteur de charge bien supérieur à celui du parc terrestre (35,2% contre 21,8% en 2024 selon les données de RTE).

Évolution de la production éolienne en France

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