Nucléaire: le guide suprême iranien se dit sceptique sur l'issue des pourparlers avec les Etats-Unis

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a fait part mardi de son scepticisme quant à l'issue des pourparlers sur le nucléaire en cours entre l'Iran et les Etats-Unis.

"Nous ne pensons pas que [les pourparlers actuels] aboutiront à quelque résultat que ce soit", a déclaré lors d'un discours à Téhéran l'ayatollah Ali Khamenei, ajoutant que nier le droit de l'Iran à enrichir de l'uranium était "une grosse erreur".

Iran et Etats-Unis, ennemis depuis quatre décennies, ont entamé le 12 avril sous médiation du sultanat d'Oman d'importants pourparlers sur l'épineux dossier du nucléaire iranien.

Des responsables américains ont publiquement fait part de leur opposition à tout enrichissement d'uranium par l'Iran.

Téhéran, qui défend un droit au nucléaire civil, considère cette demande comme une ligne rouge, contraire aux dispositions du Traité de non-prolifération (TNP) dont l'Iran est signataire.

Dimanche, le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, qui mène les négociations pour l'Iran, a affirmé que son pays continuerait à enrichir de l'uranium "avec ou sans accord" avec les Etats-Unis.

Son interlocuteur américain, l'émissaire pour le Moyen-Orient Steve Witkoff, avait estimé plus tôt que les Etats-Unis "ne pouvaient autoriser ne serait-ce qu'un pour cent de capacité d'enrichissement" à l'Iran.

Les négociateurs américains devraient s'abstenir de "dire des bêtises", a tancé mardi Ali Khamenei, ultime décideur sur les questions stratégiques.

"Nous n'attendons la permission de personne" pour enrichir l'uranium, a insisté le guide suprême.

- "Pression maximale" -

Les Etats-Unis s'étaient retirés en 2018, sous la première présidence de Donald Trump, d'un accord multilatéral sur le nucléaire conclu trois ans plus tôt avec l'Iran.

La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, ainsi que la Chine et la Russie, sont parties prenantes de l'accord.

Le texte prévoyait la levée des sanctions internationales visant l'Iran en échange d'un encadrement de son programme nucléaire par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Selon l'instance onusienne, l'Iran respectait ses engagements jusqu'au retrait américain, qui a été assorti du rétablissement des sanctions américaines.

Les pourparlers entre Téhéran et Washington visent à conclure un nouvel accord devant empêcher l'Iran de se doter de l'arme atomique contre une levée des sanctions qui paralysent son économie. L'Iran dément toute ambition militaire de ses activités nucléaires.

L'Iran enrichit actuellement l'uranium à 60%, bien au-delà de la limite de 3,67% fixée par l'accord nucléaire de 2015, mais en deçà du taux de 90% nécessaire pour un usage militaire, selon l'AIEA.

Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a renforcé sa politique dite de "pression maximale" à l'encontre de l'Iran avec des sanctions supplémentaires pour réduire à zéro ses exportations de pétrole et ses sources de revenus.

Mais il a également appelé le pouvoir iranien à négocier un nouvel accord sur le nucléaire, tout en menaçant de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie.

Les responsables iraniens ont récemment critiqué les nouvelles salves de sanctions contre l'Iran prises en dépit des discussions en cours avec les Etats-Unis.

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